Cela fait un moment que je ne t’ai plus vu. Un moment depuis que j’ai entendu ta voix, vu ton visage, touché tes mains, ton corps…
Un moment qui aurait pu être hier comme il y a six ans. Et ce souvenir qui toujours me hante.
Tu sais, cette nuit, où tu m’as annoncée que c’était la fin de nous deux. Que j’allais devoir passer à autre chose. Essayer de t’oublier.
Oh, oui, je l’avais vu venir mais on ne peut jamais vraiment se préparer à entendre ces mots, dans l’intimité d’une chambre que l’on aurait aimé ne jamais avoir connue.
Cela s’est produit progressivement mais les mots prononcés cette nuit m’ont pourtant parus si soudain.
C’était comme une explosion dans mes oreilles. Dans mon cœur. En miettes.
Quelque chose semblait juste s’être éteint, pour toujours.
Je l’avais vu dans tes yeux
Ce regard aimant, débordant d’admiration quand il se posait sur moi, se faisait de plus en plus rare.
Et puis le temps semblait s’écouler différemment. Fini, l’empressement à répondre à mes messages. Puis à mes caresses.
Et mes baisers qui t’agaçaient.
Oh, oui, je voyais tout ça dans tes yeux noisette.
J’ai senti que tu commençais à construire des murs, qui sont devenus château, entouré d’un fossé. Et au sommet duquel, un dragon cracheur de feu : toi.
Ton cœur est devenu impénétrable. Je n’étais plus la bienvenue.
Tu étais là, physiquement, mais pourtant si loin
Nos discussions sur les sentiments que nous nous portions ? Envolées. Celles sur notre avenir ? Disparues.
Je pouvais te sentir t’éloigner… Et c’est ce qui m’a poussée à essayer de te saisir plus fort contre moi. Mais c’est aussi ce qui t’as repoussé encore plus loin de moi.
Tu as cessé de me montrer ou de me dire à quel point tu tenais à moi.
Tu n’étais plus si fier de moi ou de mes succès. Et ce qui t’avait séduit au début, à présent t’exaspérait.
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Nous étions pourtant inséparables
Des étrangers devenus amis et avant même de le réaliser, l’amour nous est tombé dessus.
Sans efforts, sans montrer le meilleur de nous-mêmes pour impressionner l’autre. Et juste comme ça, nous sommes devenus l’ancre de l’autre.
N’as-tu pas adoré chaque seconde passée ensemble, dans un monde où nous n’existions qu’à deux ?
Je n’ai pas peur de dire que nous avons eu l’amour le plus pur, le plus authentique qui soit.
La façon dont tes doigts couraient sur mes cheveux chaque nuit, jusqu’à ce que je m’endorme. Et toutes ces fois où tu as essuyé mes larmes, quand j’avais l’impression de ne rien faire de bien.
Bien sûr, chaque relation a ses propres défis
Et les nôtres n’étaient pas différents. Nous avons rencontré beaucoup de bosses sur la route mais nous nous étions promis de les surmonter en nous tenant la main.
Aucun défi ne pouvait être trop difficile, tant que je tenais ta main et que tu tenais la mienne.
Enfin, c’est ce que je pensais.
Mais les choses changeaient, insidieusement.
J’ai essayé de te dire ce que je ressentais, encore et encore et encore, de multiples façons mais tu disais ne pas me comprendre. Ne plus me comprendre.
En réalité, tu n’écoutais tout simplement plus et tu ne craignais plus que tes actes me brisent le cœur.
Tu m’as laissé me sentir abandonnée, rejetée et indigne de ton amour. Sans même jamais vraiment expliquer ce qui avait provoqué ce changement en toi.
Le rêve est devenu cauchemar éveillé
Combien de fois j’ai fini par pleurer, hystérique, roulée en boule sur le sol de cette chambre ? Me demandant pourquoi l’amour s’en allait à nouveau. Pourquoi avec toi ? Qu’est ce qui avait changé ? Pourquoi ne m’aimais-tu plus ?
Dans les accès de colère, je me convainquais d’être digne d’amour et que c’était toi, qui ne me méritais pas. Mais c’était du bluff, je n’y croyais même pas.
Même quand tu as commencé à dire que j’étais devenue peu aimable, indésirable et ridicule.
Oh, combien de fois me suis-je demandée pourquoi je te donnais autant de mon temps, si précieux. Combien de fois ai-je imploré Dieu de ne pas m’infliger cette douleur cruelle et sournoise.
J’étais en colère et blessée. En colère contre moi-même pour avoir ouvert à nouveau mon cœur.
En colère pour l’avoir mis à ta disposition pour que tu puisses mieux l’écraser.
Désemparée par la déception d’une autre relation ratée.
La réalité est venue me frapper en pleine face
Je n’allais pas être celle qui te rendrait heureux pour le restant de tes jours.
L’idée que tu tombes amoureux de quelqu’un d’autre était aussi dévastatrice qu’écœurante.
Je pensais naïvement que chaque chagrin d’amour deviendrait plus facile… Mais cela ne fait qu’empirer.
La sensation de ne pas pouvoir trouver mon bonheur et un véritable amour est revenue m’étouffer. Je me sentais impuissante. Désespérée. Sans valeur.
La vérité, c’est que je n’étais pas prête à te perdre, je n’étais pas prête à vivre sans toi. Et même maintenant, des années plus tard, je ne suis toujours pas prête à te perdre.
J’ai parfois l’impression de te perdre, encore et encore. Un peu plus chaque jour.
Avec le recul, je me dis que tu m’as appris presque tout ce que j’avais besoin de savoir.
Tu m’as aidée à être courageuse, forte et à réaliser mes rêves. Tu m’as appris à être stupide et sérieuse à la fois, à rester honnête et gentille.
Mais la seule chose que tu ne m’as pas appris ? C’est à vivre sans toi.
Tu ne m’as jamais dit à quel point ce serait difficile. À quel point je me sentirais perdue après ton départ. Tu ne m’as jamais appris à vivre avec la solitude, ni à faire face aux moments où tout me paraîtrait de trop.
Puis le temps a heureusement un peu fait son œuvre
J’ai compris que je ne pourrai jamais te forcer à voir ma vraie valeur.
Que ton incapacité à t’en rendre compte n’a rien à voir avec moi et tout à voir avec toi.
Je n’ai pas besoin d’entrer dans les détails sur ce qui fait de moi une personne extraordinaire car si tu m’avais vraiment voulue, tu m’aurais acceptée telle que j’étais.
Si vraiment tu tenais à moi, tu ne m’aurais pas humiliée. Parce que l’homme qui se souciera vraiment de moi chérira mon cœur et me chérira en tant que personne.
Il fera tout son possible pour ne pas me blesser parce qu’il sait que cet amour, ce n’est pas juste un sentiment, c’est une prise de décision.
L’amour ne devrait pas vous faire sentir insuffisante
Il est patient, gentil et compréhensif. L’amour ne joue pas à des jeux. Il ne fait pas de mal aux autres.
Mais j’ai compris que je ne pouvais pas te forcer à me choisir, ni que je pouvais garder quelqu’un qui ne voulait pas rester.
Alors oui, ça fait un mal de chien. Mais je brûlerai entièrement et ressusciterai de mes cendres.
Et je pourrai recommencer à aimer, plus tard. Un peu mieux. Différemment.
Je commencerai à reconstruire ma vie. J’ai confiance et j’attendrai.
Je dois me souvenir que je suis belle et généreuse, et que n’importe quel homme aura de la chance d’être à mes côtés.
Et même si ça fait encore mal six ans plus tard, et même si tu me manques encore chaque jour, je me réconforte en me disant que cet amour a existé et qu’il devait être vécu. Pour la leçon qu’il m’a donnée et pour la joie qu’il m’a apportée.
Tout ira bien.
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