J’avais vingt et un ans lorsque mon premier fils est né. Il est arrivé en avance, deux semaines avant la date prévue, et avec une telle hâte que la sage-femme l’a accouché avant que le médecin ne fasse son apparition.
Après lui, il y en a eu trois autres – mon deuxième fils et mes deux filles, tous en six ans, tous avec leurs propres histoires de naissance, leurs propres personnalités, leurs propres singularités qui les rendent uniques très différents les uns des autres malgré leur éducation si semblable.
Je n’avais pas prévu d’avoir mon premier enfant si tôt ; la vie en avait décidé autrement. Bien que mariée, j’étais jeune. Avec le recul, trop jeune.
Mais j’étais déterminée à être prête. J’avais lu des livres sur la grossesse, l’accouchement, l’éducation des enfants. J’étais préparée à la façon dont mon corps allait changer. J’étais préparée à la façon dont ma vie allait changer.
Mais je n’étais pas préparée aux changements que j’allais subir.
Je peux dire maintenant qu’être mère a été la meilleure chose que j’aie jamais faite ; la meilleure partie de ce que je suis. Mais je n’aurais pas toujours pu dire ça. Je jette un coup d’œil en arrière sur ces premiers jours et mes doigts glissent entre les souvenirs fanés de leur difficulté réelle ; une décennie qui m’a fait passer à travers un filtre de fatigue et de solitude.
Il y a eu tant de jours où j’ai lutté pour respirer, tant de jours où j’ai pleuré pour le village qui n’était nulle part, tant pour la femme que j’étais autrefois, et qui était introuvable aussi.
J’ai pleuré pour elle – les responsabilités et les obligations de la maternité me l’avaient enlevée et à sa place se tenait une étrangère, une femme que je ne reconnaissais plus ou que je ne voulais plus être.
Je ne m’attendais pas à ressentir une telle perte de ma propre identité, à devenir si désolée dans l’abîme de ce que j’étais et de ce que je devais encore devenir.
Je ne m’attendais pas à me sentir si mal ancrée, si à la dérive, si seule. Autrefois extravertie, confiante et capable, je me suis vite retrouvée sans défense dans un océan de mes propres insuffisances.
Nous vivions dans une ferme de 1000 hectares dans une région rurale de l’Australie-Méridionale, c’est-à-dire au milieu de nulle part, du moins en apparence. Je n’avais pas de famille à proximité, pas de réseau de soutien vers qui me tourner.
Pendant que mes amis entreprenaient des études universitaires, des carrières, des voyages, je ne semblais même plus capable de quitter la maison sans me détériorer en une boue d’angoisse irrationnelle. Épuisée, exténuée, fatiguée, éreintée, j’ai perdu ma confiance, mes capacités, mon ambition, ma passion, et presque tous les jours, mon esprit.
Ce n’était pas une question d’amour ; le cœur d’une femme ne battra jamais avec une telle férocité pour ce qu’elle a créé. C’était la certitude que parce que j’aimais mes enfants, je devais aimer être mère.
Mais ce n’était pas le cas. Tout ce que je ressentais, c’était la solitude, l’isolement, l’invisibilité, la perte de soi, l’ambivalence, l’épuisement, la culpabilité, la honte de ce qui me manquait.
Chaque soir, je m’effondrais dans mon lit, vaincue par la culpabilité que je ne pouvais pas être ce dont ils avaient besoin, que je n’étais pas aussi capable que les autres mères, que je n’étais pas assez.
Je restais éveillée, découragée, récitant des promesses dans ma tête – demain, j’essaierai plus fort, demain, je ferai mieux. Mais je n’étais jamais à la hauteur.
Je n’étais pas préparée à ces sentiments, aux bouleversements mentaux et émotionnels qui accompagnaient le fait d’être mère. Ce sont des choses qui ne sont pas écrites dans les livres, des choses dont personne ne parle parce que nous sommes tous trop occupés à avoir honte de notre incapacité, trop inquiets de tout ce que nous ressentons, trop effrayés d’être jugés par ceux auxquels nous nous comparons.
Alors que nous ne savons pas que eux aussi sont dans la vallée de leurs propres insuffisances et s’effondrent car ils croient ne pas être à la hauteur par rapport aux autres.
Cette année, je célébrerai ma seizième fête des mères. Il m’a fallu tout ce temps pour éprouver la joie d’être mère. De ne plus me réveiller chaque matin avec les mots « ça passera » gribouillés sur des post-il sur le miroir de ma salle de bains. Aimer et apprécier tout ce que mes enfants apportent à ma vie.
Comprendre ce que signifie tenir, d’abord dans mon ventre et maintenant dans mes bras, la génération suivante – une génération à laquelle j’ai eu le privilège d’enseigner la compassion, la tolérance, le respect, la bonté, la bienveillance et l’amour. Une génération qui va changer le monde.
Il m’a fallu seize ans pour comprendre qu’être mère n’est pas ce que nous sommes, mais ce que nous devenons. En regardant nos enfants grandir et apprendre de nous, nous aussi, nous grandissons et apprenons d’eux.
Ils nous éveillent, nous forcent à être attentifs lorsque nous marchons sur un terrain incertain, nous aident à trouver notre équilibre et à être déterminés, même dans l’obscurité. Ils adoucissent nos arêtes dures en nous apprenant la patience, le sacrifice, l’amour inconditionnel.
Ils nous aident à pardonner notre propre humanité par la grâce que nous leur offrons. Ils nous montrent ce que signifie aimer à cause de l’amour qu’ils nous donnent, même lorsque nous ne méritons pas un don si abondant – surtout lorsque nous ne méritons pas un don si abondant – et à cause de cela, nous nous améliorons.
Il est impossible que j’ai pu être préparée, il y a seize ans, à la façon dont le fait d’être mère me changerait. Mais je n’aurais jamais pu non plus être préparée à la façon dont mes enfants deviendraient la plus belle partie de tout ce que je suis aujourd’hui.
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