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Rester avec un partenaire abusif peut vous conduire à souffrir d’un syndrome post-traumatique

Rester avec un partenaire abusif peut vous conduire à souffrir d’un syndrome post-traumatique

Je voulais le quitter mais je ne savais pas comment faire …

Arrêtez-vous. Arrêtez de vous demander comment une femme peut être faible et stupide au point de rester avec un partenaire abusif. Vous ne comprendriez pas la réponse.

Votre jugement ne fait qu’accentuer le sentiment de honte ressenti par les femmes abusées. Ça accentue la honte de femmes comme moi.

Mon ex-mari ne m’a pas frappée lors de notre premier rendez-vous. Ce n’est généralement pas comme ça que démarre une relation abusive. En fait, mon premier rendez-vous était assez similaire au vôtre ; il a été charmant, a fait attention à moi et m’a flattée.

Bien-sûr, il y avait des signaux d’alerte dès le début. Mais j’étais jeune et naïve, surement comme vous l’étiez au début de votre relation.

Sauf que mon mariage a pris un tournant différent du vôtre.

La violence psychologique qui s’exerce dans un couple met du temps à se mettre en place. C’est lent, insidieux et incessant, un peu comme un robinet qui fuit.

Ça commence avec de toutes petites gouttes que l’on ne remarque même pas – une réflexion désinvolte sous forme de « blague ». Il me dit que je suis trop sensible et que cette réflexion ne veut rien dire. Sur le moment, ça a juste l’air insignifiant et ridicule. Je suis probablement un peu trop sensible.

Je remarque qu’il y a de temps en temps des gouttes qui s’écoulent. Quand il fait une blague à mes dépends en soirée, il est simplement fidèle à lui-même : un vrai boute-en-train. Quand il me demande si je compte vraiment mettre cette robe et avec qui je sors, il le fait simplement parce qu’il m’aime et se soucie de moi.

Quand il me dit qu’il n’aime pas ma nouvelle amie, je le lui accorde. C’est vrai qu’elle peut être assez autoritaire. Mon mari est plus important qu’une amie, alors je m’éloigne et je mets un terme à cette amitié.

Ces gouttes qui s’écoulent commencent à être agaçantes, mais on ne vend pas une maison à cause d’un robinet défectueux.

Quand une bousculade pour « rire » semble être un peu plus que cela, je me dis qu’il ne l’a pas fait exprès.

Il oublie sa force. Quand je le confronte après qu’il m’ait menti, il me dit que je suis folle de ne pas le croire. Peut-être suis-je folle … Je commence à en avoir l’impression.

Je commence à compenser les fuites que subit mon mariage. Je finirai par aller mieux. Je serai une meilleure épouse. Je m’assurerai que la maison soit toujours propre et le dîner toujours prêt. Et lorsqu’il ne rentrera pas pour diner, je le lui mettrai de côté puis lui réchaufferai quand il sera là.

Puis un soir, je suis de mauvaise humeur. Je donne son dîner au chien. Quand il rentre, un peu après minuit, je ne fais plus autant la fière. Je me dépêche de me lever et d’aller à la cuisine, parce qu’il me hurle de lui faire à dîner.

Il me réveille de plus en plus souvent au milieu de la nuit. Je ne m’autorise plus à dormir profondément et paisiblement. Je suis toujours dans l’expectative.

Dans la matinée, je dis aux enfants d’être silencieux pour ne pas qu’ils réveillent leur père. Nous commençons tous à marcher sur des œufs avec lui.

Le robinet fuit beaucoup désormais. Je ne veux pas mettre un seau en-dessous, de peur de m’apercevoir de la quantité d’eau que l’on perd. Le déni s’installe.

Si je m’étais tue, il ne se serait pas autant énervé. C’est ma faute ; je dois juste me taire. Je devrais savoir qu’il ne faut pas l’affronter quand il a bu.

Il a raison – je ne suis qu’une garce ingrate. Il travaille tous les jours pour que je puisse rester à la maison avec les enfants. Bien-sûr qu’il a besoin d’un peu de temps pour lui, après sa journée et avant de rentrer.

Les rares fois où je retrouve mes amis, je me dépêche pour être rentrée avant lui. Je ne lui demande jamais de garder les enfants, pour que je puisse faire quelque chose de ma soirée. Je ne dois pas l’embêter.

Nous avons essayé plusieurs thérapies de couple. Bien que nous ne soyons pas vraiment honnêtes à propos de ce qui nous y amène, les conseillers ont tous évoqué clairement leurs inquiétudes.

Nous ne faisons jamais plus d’une séance avec le même psychologue.

Je fais tant d’efforts pour être une épouse parfaite et avoir une famille parfaite, que je ne prends même pas le temps de remarquer toute l’eau qui s’écoule sur le sol.

Je sais quoi faire pour que ça aille mieux. Je vais essayer de faire des choses en dehors de la maison. Mais bien-sûr, je m’occuperai quand même de tout à la maison et ne lui imposerai jamais rien. Jamais, je n’oserai lui demander de l’aide.

Je suis désormais une épouse parfaite. Les gens de ma paroisse me conseillent de lire des livres et d’écouter la bible afin de comprendre mon mari.

Je fais de mon mieux pour que ma famille ait l’air d’une famille parfaitement heureuse. Mes enfants font tout un tas d’activités dont, bien-sûr, je suis la seule à m’occuper.

J’ai commencé à faire de petites insinuations auprès des autres mamans, mais dès qu’elles abordent le sujet, je nie tout en bloc. Non vraiment, tout va bien. Je leur montre les photos de famille parfaites que j’ai publiées sur Facebook en guise de preuve.

Je ne sais pas de quoi j’ai le plus peur : que les autres découvrent mon secret ou que mon mari découvre que j’ai dit la vérité à propos de notre mariage. Je réalise que j’ai désormais peur de lui.

Et puis un jour, je me réveille et je réalise que la maison est inondée. J’ai la tête sous l’eau. J’ai peur.

Je vois aussi de la peur dans les yeux de mes enfants. Mon Dieu, qu’ai-je fait ? Comment en sommes-nous arrivés là ? Qui suis-je devenue ?

Le soir où il m’a jeté son téléphone, celui-ci m’effleurant le visage, j’ai eu envie de mettre mes enfants dans la voiture et de le quitter. Le soir où il s’est levé de table et m’a jeté une fourchette au visage, en présence des enfants, j’ai eu envie de le quitter.

Mais où est-ce que j’irais ? Et si j’y vais, qu’est-ce que je ferais ? Comment ferais-je pour assumer seule mes enfants ?

Il a raison – je n’ai pas la capacité de survivre seule. J’ai besoin de son argent.

« Quoi, tu veux partir et faire la pute ? », me hurle-t-il. « J’ai toujours su que tu n’étais qu’une salope. »

Il est un maître dans l’art de l’évitement. Ses actes ne sont plus le sujet. Maintenant, c’est l’heure de mon jugement.

Je ne suis plus la femme que j’étais lors de notre premier rendez-vous. Je suis devenue faible et timide. Je me sens abattue. J’ai choisi cet homme et j’ai donné naissance à nos enfants. C’est ma faute.

À chaque respiration, je me dis que me ressaisir et protéger nos enfants est mon seul devoir. C’est la seule vie que j’ai connue en vingt ans. À ce moment-là, je ne sais absolument pas comment faire autrement.

Je reste.

Les gouttes continuent de s’écouler. Ma tête se perd sous l’eau une seconde fois.

Lors d’une soirée classique, emplie de colère, je lui dis que j’en ai assez et je décide de riposter. Mais même soul, il est bien plus fort que moi.

Je vois ce regard dans ses yeux alors qu’il me tourne autour. Il a la capacité de tuer. Ce regard me terrifie.

« Vas-y, pars » me dit-il avec un sourire méprisant. « Mais les enfants restent ici. »

J’ai battu en retraite ce soir-là. C’était le seul moyen de contenir l’inondation, si ce n’est pour ma vie, au moins pour ma santé mentale.

Malgré mes tentatives, mon secret a été dévoilé. Mais je ne peux pas juste me réveiller et vivre comme mes amis bien intentionnés me le conseillent. Ce n’est pas aussi facile.

Je n’ai pas d’argent. À vrai dire, il trouvé l’argent que je mettais de côté depuis presque un an. Je pensais avoir été suffisamment prudente et n’avoir laissé trainer aucun relevé. Il a dû pirater ma boite mail.

J’aurais dû m’en douter. Il m’a toujours surveillée étroitement. Il détestait que je l’accuse de m’espionner alors, je laissais juste couler.

Je me suis sentie si coupable et si honteuse lorsqu’il m’a mis mes économies secrètes sous les yeux. Je me demande ce qu’il a fait de l’argent ? Je sais qu’il ne l’a pas utilisé pour les enfants. Je suppose qu’il a dû le boire, le jouer ou l’utiliser pour impressionner une autre femme.

Je suis coincée. Je reste.

Dieu je t’en supplie, ne me force pas à revivre tout ça une troisième fois. Ma famille ne peut pas être sauvée mais je t’en supplie, sauve mes enfants et sauve-moi.

Je fais partie des chanceuses. Je ne suis plus mariée, mais je porte de profondes cicatrices en moi.

La violence ne se manifeste pas toujours par un œil au beurre noir ou une blessure ensanglantée. Les conséquences des violences psychologiques sont tout autant destructrices.

Je suis allée consulter et j’ai été diagnostiquée dépressive, anxieuse et souffrant d’un syndrome post-traumatique. Les violences psychologiques m’ont rendue craintive. La dépression et l’anxiété m’ont empêchée de m’en aller.

Je pensais au départ que parler de syndrome post-traumatique était un peu extrême mais après presque trois ans, certains bruits et certaines situations réveillent encore des souvenirs douloureux.

Une fois, mon patron n’est énervé et s’est mis à crier sur l’équipe, j’en ai été physiquement malade. J’ai eu l’impression de me retrouver là où j’étais il y a des années ; recroquevillée sur le sol du garage, tentant de calmer la colère d’un homme contre moi.

Je suis non seulement inquiète que mes filles aient assisté à ces scènes de violences conjugales, mais aussi que mes fils aient reçu un si triste exemple de ce qu’est un homme.

Je suis restée pour le bien de mes enfants. Maintenant, je m’en veux en raison de l’impact que cela aura peut-être sur eux.

Pourquoi suis-je restée ? Je suis restée parce que j’étais isolée ; j’étais financièrement dépendante de lui ; j’étais en manque cruel de sommeil ; on me disait que je ne valais rien et je le croyais ; j’étais épuisée de devoir toujours être sur mes gardes, dans l’attente du prochain assaut.

Je suis restée parce que partir était encore plus effrayant.

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