Beaucoup de gens croient que les personnes aux prises avec la dépression et l’anxiété choisissent de rester dans leur état.
Ils croient que tout ce que j’ai à faire est d’un jour me réveiller et de décider ce jour-là que, ça y est, j’en ai marre, je ne serai plus anxieuse et hop, comme par magie, je ne le serai plus.
Que si je le voulais vraiment, si je faisais un effort, je sourirai à nouveau et je prendrai ma tasse de café peinarde le matin. Que j’apprendrai à y faire face en somme, par ma simple volonté.
Eh bien, ces gens se trompent. L’anxiété n’est pas un choix.
Je ne peux pas activer et désactiver mon anxiété, peu importe à quel point je le veux.
Je n’ai pas choisi d’être anxieuse aujourd’hui et de ne peut-être plus l’être pour quelques heures demain : cela arrive, tout simplement.
L’anxiété n’est pas quelque chose que je peux contrôler. Et je le répète, L’ANXIÉTÉ N’EST PAS UN CHOIX.
Ma première crise de panique
C’était lors de ma dernière année de lycée.
Un jour, sans prévenir, ma respiration est devenue laborieuse, j’ai commencé à faire de la tachycardie et des nausées soudaines sont apparues.
La santé mentale étant tellement tabou d’où je viens que ma mère a pensé que c’était le café qui me rendait malade.
Pourtant, au fond de moi, je savais que ce n’était pas le café. Je savais que quelque chose d’autre était responsable de mon état fébrile.
Une fois arrivée à l’université, mon anxiété n’a fait qu’empirer.
J’ai commencé à avoir peur de moi-même, peur de ce sentiment horrible. Mais surtout peur de me dire que c’était mon propre esprit qui en était la cause.
Puis, finalement, j’ai eu le courage d’aller demander de l’aide et cette psychologue a enfin mis des mots sur ce qu’il se passait.
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Diagnostic sans équivoque : je souffrais d’un TAG
Le TAG, c’est l’abréviation de « trouble d’anxiété généralisée ».
Cela a été une révélation pour moi et j’ai commencé à pleurer à chaudes larmes.
Soulagée, en quelque sorte, mais également effrayée.
Et bien que cela fasse des années depuis ce diagnostic, je n’ai jamais cessé de m’en inquiéter depuis lors.
C’est dur de vivre avec une maladie, un trouble que personne ne semble comprendre.
On me dit souvent : « tu t’inquiètes trop, détends-toi », « n’y pense pas », « ne sois pas si négative », « mais enfin calme-toi, ce n’est pas si grave ». Comme si c’était si simple.
Je ne peux évidemment pas blâmer les gens pour leur ignorance. Cependant, ce qui m’agace profondément, c’est la façon dont la société a tendance à faire de l’anxiété une « mode ».
On en plaisante presque… « ouh la la, je vais avoir une crise d’angoisse à cause de tes bêtises ! »
Mais si vous saviez vraiment ce que sont les crises d’angoisse, si vous saviez ce que c’est que de vivre avec l’anxiété, vous sauriez qu’il n’y a aucune raison d’en rire.
Se noyer dans un verre d’eau
Vivre avec l’anxiété, c’est trop penser à tout, tout le temps.
C’est trop penser à un message auquel vous avez oublié de répondre, pour ensuite stresser d’y répondre. Parce que, bien évidemment, ne pas y avoir répondu depuis si longtemps fait que la personne qui vous l’a envoyé vous déteste probablement maintenant.
Il s’agit de taper un e-mail de cinq phrases et de le recommencer dix fois parce que vous craignez de dire quelque chose de mal, d’être maladroite.
C’est une préoccupation obsessionnelle du temps. C’est partir toujours trop tôt, de peur d’être en retard. Puis c’est rester à l’écart, gênée, parce que vous êtes arrivée trop tôt.
C’est aussi penser aux centaines de façons dont les choses peuvent mal tourner et pas une seule fois de se demander comment elles pourraient bien se passer.
C’est pleurer sur des choses qui ne se sont pas encore produites.
« Control freak »
Quant à l’organisation générale de la vie, c’est de planifier les choses à l’avance et d’avoir quatre plans de secours au cas où les premiers ne se concrétiseraient pas. Certains appelleront ça de la prévoyance, mais non, c’est juste la manifestation de mon anxiété et mon besoin de vouloir tout contrôler.
Être anxieux, c’est aussi être dans l’impossibilité d’arrêter de travailler sur quelque chose ou même arrêter d’y penser. Jusqu’à ce que ce soit aussi parfait que vous l’imaginiez en tout cas. Parfois au point de ne pas bien manger ni bien dormir.
Lorsque vous souffrez d’anxiété, il peut sembler que rien n’est sous votre contrôle.
Et plus vous avez peur de ne pas avoir le contrôle, plus vous essayez de structurer votre monde (y compris les personnes qui vous entourent) pour vous sentir en sécurité.
Vous devenez obsédée par l’ordre et parfois même tyrannique.
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C’est de préférer s’isoler que de prendre le moindre risque
C’est craindre ce qu’il arrivera à chaque fois que vous quittez votre maison ; parce que la simple pensée de vous retrouver coincée dans la circulation, d’avoir un accident de voiture ou de ne pas réussir à vous garer vous terrifie.
Parfois, c’est aussi d’avoir du mal à sortir, même avec vos ami(e)s. Pourquoi ? Parce que vous avez peur d’avoir un moment gênant ou de ne pas vous sentir à votre place.
C’est éviter les conversations parce que vous êtes soit « trop timide », soit avez peur d’être jugée et que le résultat soit décevant.
Parce que vous pensez souvent que vous êtes ennuyeuse, que tout le monde vous déteste secrètement. D’ailleurs, vous êtes convaincue que vos ami(e)s ne se soucient pas vraiment de vous.
Vous commencez à penser qu’on vous prend pour une garce, parce que vous avez du mal à parler, à faire semblant de sourire et à suivre toutes les autres conventions sociales.
Pourtant, vous ne le faites pas exprès, c’est juste difficile pour vous de vous intégrer.
Cette anxiété vous fait aussi souvent sentir fatiguée et épuisée sans raison particulière. Cela vous enlève toute votre énergie et parfois, vous ne pouvez même pas sortir du lit, et encore moins communiquer avec les autres de quelque manière que ce soit.
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L’anxiété, ce n’est pas quelque chose qu’on décide d’avoir ou non
Je ne peux pas simplement décider d’être heureuse et devenir heureuse. Je ne peux pas juste me calmer et me détendre. Ça ne marche pas comme ça.
L’anxiété, elle est livrée sans boutons de pause ou d’arrêt.
Alors quand vous me demandez de « me calmer » et de « me détendre », c’est un peu comme si vous me disiez que ma maladie n’existe pas. Vous minimisez cela et l’importance qu’elle a dans ma vie.
En pensant que l’anxiété n’est pas quelque chose de grave, vous me faites me sentir encore plus mal.
L’anxiété EST une maladie et EST un sujet de préoccupation.
Par conséquent, s’il vous plaît, arrêtez de me dire de sourire parce que je ne sais vraiment pas comment faire ça. Arrêtez de me dire d’être heureuse, de me dire que je n’ai rien à craindre.
Vous ne savez pas ce que c’est que d’être dans mon corps et mon esprit.
Ça parait évident que vous ne savez pas quel genre de pensées traversent mon cerveau chaque jour. Vous ne savez pas ce que cela fait d’être constamment en panique, de craindre pour votre vie.
Je le répète, mais l’anxiété est une maladie. La dépression aussi. Ce sont des maladies mentales. Elles ne sont pas seulement une phase de notre vie ni un besoin d’attention qui se manifeste maladroitement.
C’est réel et ça nous ronge de l’intérieur un peu plus chaque jour.
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