J’ai passé trois ans de ma vie dans la terreur.
Je ne pouvais pas sortir de chez moi, sans chaperon.
Je n’avais pas le droit de prendre des décisions seule.
Et je n’avais pas le droit de contacter mes amis ou ma famille quand je le voulais.
En effet, j’ai passé trois ans de ma vie avec un homme abusif. Bien entendu, je ne suis pas psychologue. Donc, je ne sais pas si mon ex était narcissique, toxique, immature ou tout simplement violent.
Dans mon esprit, je l’ai toujours rangé dans la case « partenaire abusif et contrôlant ».
En effet, il décidait de tout à ma place. Comment je devais dépenser mon argent. Où j’avais le droit de sortir et avec qui. Tous les soirs, quand je rentrais du travail, il vérifiait min téléphone et lisait mes messages.
Et si j’avais écrit quelque chose qui ne lui plaisait pas ou si j’avais contacté quelqu’un qu’il n’aimait pas, la porte de l’enfer s’ouvrait.
Pourtant, mon ex n’a pas toujours été comme ça. Voilà pourquoi j’ai fini par croire que c’était moi qui l’avais changé. J’avais créé cet homme violent, intolérant, impatient et distant.
Et il m’a fallu du temps pour comprendre que je ne l’avais pas rendu comme ça. En fait, il avait tout simplement caché son vrai visage pendant tout ce temps.
Au départ, il était tout doux. Il était avenant, gentil et attentionné. D’ailleurs, il me couvrait de compliments et me respectait comme jamais personne.
Puis, quand il a compris que j’étais tombée amoureuse de lui, il a exposé son vrai visage.
La naissance de la brute
Le contrôle qu’il avait sur moi a commencé doucement.
D’abord, il m’a dit qu’il n’aimait pas la robe que je portais. Alors, il m’a demandé de la changer. Puis, il m’a interdit de porter autre chose à part des pantalons.
Au départ, il me disait qu’il avait peur que mes amis m’entraînent sur la mauvaise pente. Puis, il m’a interdit de parler avec eux et de les voir.
Ma famille n’a pas échappé à son contrôle. Selon lui, mes parents étaient toxiques et ils essayaient de faire tout ce qui était en leur pouvoir pour nous séparer.
Alors, j’ai dû couper les ponts avec eux.
Bref, en un rien de temps, je me suis retrouvée isolée et seule. Je n’avais que lui. Je ne pouvais que me reposer sur lui. Mais je me disais qu’il m’aimait et qu’il essayait de me protéger.
Et c’est là que les abus ont commencé. D’abord, les abus émotionnels. Il me critiquait, attirait mon attention sur mes défauts et me forçait à me comporter comme il le voulait. Mon estime est partie en lambeaux.
Je ne faisais plus confiance à mon instinct et je pensais être une moins que rien.
Puis, les abus physiques ont enchaîné. Quand je refusais de faire ce qu’il voulait, il devenait violent. Je ne suis pas encore prête à parler des violences que j’ai subies. Mais je pense que vous pouvez imaginer.
Le déclic
Puis un jour, je suis arrivée au travail. Une de mes collègues m’a regardé dans les yeux et m’a dit :
« Tu ne ressembles plus à toi. Et qu’est-ce qui est arrivé à ton bras ? »
Sur le coup, j’ai été blessée. Je me suis dit, comment ose-t-elle ?
Mais en fait, j’avais besoin de ça.
Je me suis regardée dans le miroir des toilettes et j’ai vu que je ne ressemblais plus à moi. J’avais des traces bleues de partout. Des cernes qui n’en finissaient pas. J’avais l’air triste, déprimée et lessivée.
C’est à ce moment-là que j’ai compris que je ne pouvais plus supporter ma situation. Ce n’était pas de l’amour. C’était une relation de maître à esclave. Et je refusais de me rabaisser à ça. Mais j’avais peur.
Comment allais-je quitter un homme aussi violent ?
Puis, d’autres questions se sont bousculées dans ma tête. Et si je finissais ma vie toute seule ? Et si aucun autre homme ne voulait de moi ?
Finalement, j’ai décidé que ça n’avait aucune importance.
Tout d’un coup, je me fichais de savoir ce que l’avenir me réservait. Après tout, je n’allais pas en avoir un si je restais avec un tel homme.
Mais j’avais besoin d’un plan bien huilé.
Je ne pouvais pas simplement lui dire, « je te quitte ». Sinon les conséquences auraient été terribles.
Alors, j’ai pris mon temps.
Le plan de secours
Chaque jour, pendant une heure au travail, j’écrivais toutes les étapes que je devais suivre :
- Comment lui annoncer la rupture ?
- Où le faire ?
- Comment récupérer mes affaires ?
- Où est-ce que j’allais vivre ?
- Comment est-ce que j’allais séparer mes finances des siennes ?
- Et que faire avec nos amis en commun ?
- Comment définitivement couper les ponts avec lui ?
- Est-ce que j’allais avoir besoin d’une restriction judiciaire ?
- À qui puis-je demander de l’aide ?
- Comment me reconstruire après ?
J’ai répondu à tous ces points un à un.
J’ai vite compris que j’allais avoir besoin d’aide. Donc je me suis confiée à ma collègue de travail (celle mentionnée ci-dessus). Je lui ai tout raconté. Ensemble, on a pleuré un coup. Puis, on s’est mises au travail.
Elle a accepté d’être présente pendant la rupture, de m’aider à rassembler mes affaires et de m’accueillir chez elle.
Ensuite, j’ai prévenu ma famille et mes amis. Et je leur ai demandé de garder le secret.
Enfin, je suis allée à la banque et j’ai également été sincère. Je leur ai expliqué ma situation. Et ils m’ont aidé à ouvrir un autre compte bancaire où j’ai pu transférer mes fonds et donc mon partenaire n’y avait plus accès.
Maintenant, je devais agir vite. En effet, comme mes fonds n’étaient plus sur notre compte commun, il allait vite s’en rendre compte.
Donc ma collègue et moi avons demandé notre après-midi de congé. Et nous en avons profité pour aller récupérer toutes mes affaires pendant que mon partenaire était encore au travail. Ensuite, je lui ai envoyé un message pour qu’on se voit dans notre restaurant préféré.
Oui, je me suis dit qu’un lieu public était préférable et plus sûr.
Puis, je l’ai attendu. Alors que ma collègue était assise au bar du restaurant. Je pouvais la voir de la table où j’étais assise. Quand il est arrivé, je lui ai dit de commander seulement des boissons pour l’instant.
Et j’ai été droit au but. Je lui ai dit que je voulais le quitter. En quelques phrases, je lui ai expliqué pourquoi. Mais je ne voulais pas m’attarder. Je lui ai simplement demandé s’il avait des questions.
Comme il ne répondait pas et comme il était encore bouche bée de la révélation, je me suis levée pour partir. Là, il a saisi mon bras. Son regard glaçant me fixait. Il a dit d’un ton bas que j’allais regretter ma décision.
Et qu’il allait me faire vivre un enfer. Ensuite, il a enchaîné avec des menaces. C’est là que ma collègue est arrivée avec le vigile du restaurant. Celui-ci a simplement posé sa main sur l’épaule de mon partenaire.
Cet homme qui m’avait fait peur pendant tant d’années s’est fait tout petit.
Je me suis dit, quel lâche !
Alors, je me suis penchée vers lui et j’ai simplement ajouté : » je suis libre maintenant ».
Je suis sortie du restaurant pendant qu’il était encore assis avec le vigile qui le fixait.
Sur le chemin vers l’appartement de ma collègue, je me suis jetée sur mon téléphone pour le bloquer sur tous les réseaux. Ensuite, j’en ai fait de même avec les amis en commun que nous avions. Après tout, je n’avais plus besoin de ces personnes qui ont fermé les yeux sur mes souffrances pendant si longtemps.
Après quelques jours, je n’avais toujours pas de nouvelles de lui. J’ai donc décidé de chercher un appartement pour moi toute seule. Je n’avais plus peur !
Me voilà dix mois plus tard, en thérapie. Mais je suis enfin heureuse et fière de moi !
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