Tout le monde m’agace, tout le monde est nerveux et égoïste. En fait, je ne supporte plus personne et quand les gens parlent, cela m’ennuie profondément !
Et puis il s’est passé quelque chose qui m’a fait sursauter, quelque chose qui m’a poussé à me demander qui je suis et comment j’en suis arrivée là !
Ces jours-ci, même si j’attendais avec impatience le beau temps et l’été, rien ne se passe comme prévu. Tout le monde m’agace parce que les gens ne se soucient que de ce dont ils ont besoin à ce moment-là. Par exemple, au travail, c’est toujours l’apocalypse.
Les gens donnent des promesses à la légère et la plupart du temps ces promesses sont fausses. Dans les transports, à la poste, à la banque, à la maternelle, à l’école, quelques problèmes, des tâches spéciales, des obligations et des factures à payer : voilà mon lot quotidien.
Vous me direz tout le monde doit faire face à cela, mais je me retrouve à être constamment sur les nerfs.
J’arrive à la maison en état d’anesthésie, fatiguée et épuisée par toutes sortes de choses qui devaient être faites en cours de journée. Et ainsi jour après jour. Tout est pareil, je dors, je mange, je travaille, je m’occupe des enfants.
Je tombe facilement dans le cercle vicieux du « j’aurais dû ». Et je ne me permets jamais de « vouloir » quelque chose. Alors, je me suis rendu compte que quelque chose n’allait pas chez moi. Mais quoi ?
Ce jour-là n’était pas différent de tous les autres !
Nous nous sommes levés, nous nous sommes préparés à partir à l’école et au travail. Tous les jours, je vois les mêmes personnes et les mêmes endroits.
Peut-être que ce jour aurait pu être un peu plus lumineux, car le beau temps venait de commencer, si je n’avais pas reçu de SMS : « Chers parents, nous ne savons pas si vous savez que l’amie de nos enfants, Pauline, a perdu sa mère. À cette occasion, nous avons pu collecter… »
Le reste du message disparaît dans le brouillard. Je ne le vois pas. Pas à cause des larmes qui coulent, non, je n’en crois toujours pas mes yeux. Je crois toujours que c’est une erreur ou une blague stupide.
Je reste debout quelques minutes et essaie de comprendre comment c’est possible. Enfin, quand j’ai réussi à sortir du cercle vicieux du « oui-non », j’ai composé le numéro qui m’a envoyé le message. J’ai demandé à la femme au bout du fil si ce n’était pas une erreur.
Elle a confirmé le décès de la maman de la petite Pauline. Puis le reste de la conversation est devenu de nouveau flou. Je n’ai compris que quelques mots : cancer, funérailles, hôpital, partie en quatre mois.
Je ne me souviens plus si j’ai salué mon interlocuteur ou si j’ai juste raccroché. Non, je ne me souviens pas. Je me souviens seulement que des larmes chaudes coulaient sur mes joues et que mon cerveau répétait « impossible ».
Ma collègue qui était assise à côté de moi m’a demandé ce qu’il se passait. Elle ne comprenait pas !
« Qu’est-ce qui ne va pas chez moi ? »
Je ne peux pas parler et pleurer en même temps, mais je lui ai dit…
Hier, alors que j’attendais mon café au soleil et que j’étais nerveuse à ce sujet, je ne savais pas que la mère de Pauline se battait pour sa vie. Et pas seulement pour Pauline, car elle a deux autres sœurs, toutes deux plus jeunes qu’elle.
Non, je ne le savais pas. Et que Pauline, qui a le même âge que ma Sophie, ne pourra pas tenir la main de sa maman à la rentrée. Elle ne pourra pas courir dans ses bras après l’école pour lui raconter ses aventures de la journée.
Hier au travail, lorsque j’essayais sans succès de trouver un partenaire commercial de toute urgence, je ne connaissais pas le vrai sens du mot urgent. L’état d’urgence, c’est lorsque vous courez à la maison pour embrasser votre mère et vous plaindre auprès d’elle de certains désagréments. Et la mère de Pauline n’est plus là…
Et quand j’ai vu un de ces graffitis « épouse-moi » sur le viaduc, je me suis adoucie en pensant que c’était merveilleux. Mais ce qui est vraiment merveilleux, c’est le câlin d’une maman quand tu es triste ou un conte de fées alors que tu te couches le soir.
Vous savez quand maman saute des lignes pour aller plus vite, mais que l’enfant s’en rend compte, car il est conscient que maman est fatiguée ? !
Cela fait déjà un moment que je laisse ma fille aînée lire une histoire à sa sœur cadette. Parce que j’ai mieux à faire. Vraiment ? Non, je n’ai pas mieux à faire, je dois profiter de ces moments avec mes enfants.
De même, lorsque mon nouvel aspirateur est tombé en panne après trois mois de fonctionnement, j’ai fait une crise de nerfs. Mais je ne le ferai plus. Je ne serais pas de mauvaise humeur pendant deux jours à cause de cela et je ne me plaindrais pas.
Si je savais qu’une maman que je connais, qui est douce et merveilleuse, avec qui je discutais régulièrement devant le jardin d’enfants, est allongée à l’hôpital consciente que la fin est proche.
Cette maman ne coiffera plus jamais ses enfants. Non, si je savais, je jetterais l’aspirateur par la fenêtre et je serrerais mes enfants dans les bras ou leur ferais des crêpes avec une montagne de Nutella.
Mais je ne savais pas, alors j’ai râlé et les enfants se sont éloignés de moi…
Je ne serais pas en colère contre Sophie quand elle renversera de l’acétone ou quand elle laissera des jouets traîner au milieu du couloir.
Je ne serais pas non plus en colère contre Lucie si elle reçoit 10/20 en mathématiques. Non, je dirais que ça n’a pas d’importance, soyons simplement en vie et en bonne santé. Qui donne autant d’importance aux maths aujourd’hui quand une mère ne recevra aucune note en maths de ses enfants !
J’aurais été différente à l’époque, si j’avais su ce qui était arrivé à cette maman, avec qui j’ai fait des cartes de vœux avec les enfants à l’atelier de la maternelle pour le Nouvel An. Nous nous sommes prises en photo, nous avons ri et nous sommes battues pour le dernier tube de paillettes rouges.
Ce qui a fait rire nos filles…
Ces jours horribles où tout le monde me rendait folle sont loin derrière moi. En effet, il n’est jamais trop tard pour apprendre, pour se rappeler de comprendre, pour me répéter tous les jours que ce ne sont que de petites choses, seulement quand nos enfants et nous sommes en bonne santé.
Quand nous sommes ensemble. Et qu’une personne saine a mille vœux et une personne malade un seul, être guérie. Au cours de notre vie, les enfants vont rencontrer beaucoup de femmes, elles vont tomber amoureuses, copier les vêtements des autres et ainsi de suite.
Mais une maman n’a pas de substitut. D’ailleurs, elle ne peut jamais être assez vieille pour qu’on accepte sa mort. Et c’est d’autant plus vrai lorsqu’elle a des enfants en bas âge. La petite Pauline va grandir sans rôle modèle.
Et cela me brise le cœur !
Et j’essaie de ne pas oublier, car une personne oublie facilement les problèmes de quelqu’un d’autre. Si je l’oublie, je vais de nouveau m’énerver contre le banquier, à cause de l’aspirateur ou de mes enfants.
Après tout, ce sont toutes des petites choses. Je dois apprendre à passer au-delà, car, du jour au lendemain, je pourrais moi-même disparaître. Qui sait ce qui m’attend au coin de la rue ?
La vie est incertaine. Et effrayante dans son incertitude, mais c’est peut-être mieux ainsi, car comme le dit le vieux poète dans l’épopée de Gilgamesh : « Si vous saviez tout, vous vous assoiriez et pleureriez pour toujours ! »
Peut-être n’avons-nous besoin que de savoir comment nous rendre heureux, nos enfants et nous, comment satisfaire ceux que nous aimons et laisser tout le reste à la porte. Notre tâche, en tant que parents, est que notre grand trésor ait ses petites joies pendant que nous sommes encore ici.
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