En réalité, j’ai parfaitement conscience du fait que tu n’es pas le « bon ». Que nous ne passerons pas de longs dimanches sous la couette, que tu ne seras pas celui qui pourra me supporter, que nous ne planifierons pas nos vacances 2028 ensemble.
Que tu n’es pas la moitié qui manque à ma vie, ni même le tiers. Que nous ne sommes pas qu’une seule et même personne mais bel et bien deux âmes distinctes.
J’ai conscience du fait que notre amour est toxique et qu’il scinde mon monde en deux. Que chaque dispute entaille plus profondément mon cœur et réduit considérablement les chances d’un avenir prospère entre nous. Je vois que les difficultés ont aspiré les moments simples qui nous appartenaient.
Je constate désormais tes failles et ton insatiable besoin de changer ma personnalité. De me modeler selon tes envies. De faire de moi la femme que tu rêvais d’avoir, en changeant peu à peu mon vocabulaire, en critiquant mes loisirs, mes amis, mes envies, mes rêves. En me disant que je ne suis pas en mesure d’atteindre les objectifs qui me sont chers. En me disant « tu ne peux pas » lorsque tu devrais me dire « tu dois ».
J’ai conscience de ton manque d’implication, de ta volonté de fuir lorsque la tempête s’abat, de ton étroite capacité à m’aimer dans ma profondeur et mon entièreté. Je perçois tes défauts, tes mots vides de sens, tes gestes bruts.
Je ressens tes silences et ton absence. Une absence qui me hante même lorsque tu es près de moi. Je sens une présence physique dénuée de sens moral. Je peux te voir, te sentir, te toucher, mais je suis incapable de te percevoir ou de te ressentir. Je sais que tu es là, mais je sens que je ne suis pas là.
Et pourtant, malgré le fait que mes yeux soient ouverts, malgré ma capacité à constater que notre amour n’est pas fait pour durer, que nous ne sommes qu’une étape sur le chemin, que nous ne sommes en aucun cas la destination, je ne suis pas prête à partir pour l’instant.
Un jour, la tristesse aura envahi mon âme et la peur se sera évaporée. Alors, je partirai. Mais en attendant, j’ai encore envie de m’accrocher à cet amour illusoire et néfaste, car je sais qu’il est formateur. J’apprends de ton empathie, de ta jalousie, de tes exigences. J’apprends de toi. J’apprends de nos douleurs.
Il semblerait que quelquefois, ce ne soit pas une question de mérite. Je sais que je te mérite. Tu n’es juste pas bon pour moi. Tu es le chocolat que les animaux nous réclament en sachant pertinemment que cela n’est pas bon pour leur santé.
Pour l’instant, lorsque je te regarde, lorsque je sonde les tréfonds de ton âme, je vois le présent. Je peux sentir les minutes défiler, l’impalpable avance du temps. Mais je ne ressens pas le futur.
Les épreuves que nous nous sommes imposées ont modifié la donne. Je me sens épuisée, exténuée. Ainsi, j’ai décidé de lâcher prise, je m’accroche à la personne que j’ai rencontrée jusqu’à me convaincre que la personne que tu es actuellement n’est qu’une projection.
Je sais que tu n’es pas bon pour moi car je ne peux plus te faire part de mes doutes. Je n’exprime plus ce que je ressens. Tu m’as poussée à me sentir comme un parasite. Lors de chaque divergence d’opinion, je ne m’exprime plus. Je te dérange, je le constate. Tu as besoin de mon approbation et je te la donne. J’obtempère bêtement.
Je sais que tu n’es pas bon pour moi car je ne suis plus moi. Les sorties que j’adorais tant autrefois se sont volatilisées pour laisser place aux tiennes. Ceux qui faisaient auparavant partie de mon entourage, sont devenus des inconnus.
Et c’est ton entourage qui les a éclipsés. Les attentions que je portais à ma famille se sont démultipliées et aujourd’hui je porte les mêmes attentions à la tienne. Les vieilles comédies que j’aimais regarder sont désormais des films d’action. Je vis à travers toi et je sais que ça n’est pas bon pour moi.
J’ai compris que tu étais tombé amoureux de mes ailes, mais que la condition sine qua non pour que tu restes était que tu me les coupes.
Et pourtant, malgré la lucidité, le pragmatisme et la clairvoyance, je ne suis pas prête à partir. Je sais que ça n’est pas le bon moment, que d’abandonner notre histoire maintenant serait une erreur et que ce serait encore moins bon pour moi.
Je sais que je suis prête à ne plus voler temporairement, mais je sais au plus profond de moi que j’ai besoin de ces ailes que tu tiens en ta possession plus que de n’importe quoi d’autre.
Et que lorsque je serai prête, je quitterai l’asphalte à nouveau.
Pourquoi mettre un terme à une relation peut être la meilleure chose pour vous
Il s’est avéré que le Prince charmant n’était en fait rien d’autre qu’une définition plutôt fidèle du psychopathe. Voilà ce qui t’attend si tu restes dans une relation amoureuse avec un homme toxique!