Je ne me suis pas réveillée un matin, folle et perdue.
Je suis devenue comme ça, à cause des années passées à tes côtés. Pour être plus précise, aujourd’hui, je suis une épave parce que j’ai subi tes abus pendant trop longtemps.
Tes abus n’étaient peut-être pas intentionnels. Tu ne voulais peut-être pas me faire souffrir. Mais le résultat est le même. Tu as choisi quelqu’un qui pouvait être ta poupée.
Et j’étais la victime parfaite. J’étais prête à changer et à être modelée en tout ce que tu voulais que je sois. Pourquoi ? Parce que j’avais besoin que tu aies besoin de moi.
Cela a toujours été mon problème : comme je n’ai pas vraiment confiance en moi, j’ai toujours envie que l’attention des autres tourne autour de moi.
La chance
Il y a une grosse marque de poing sur le mur de ma chambre à coucher qui me rappelle tout ce qui aurait pu mal tourner, mais j’ai eu de la chance.
Ta rage aveugle était remplie de passion. Ton amour pour moi était écrasant et tu voyais rouge quand il s’agissait de moi. J’étais tout pour toi.
Je t’aimais, mais je n’étais pas capable de consacrer tout mon être à être ta partenaire. Je voulais aussi avoir ma vie, mes amis, mes passions.
Mais ta jalousie était hors de contrôle. Quand je sortais déjeuner avec un collègue de travail, je devais mentir et dire que je buvais un café avec une amie.
Bref, j’étais constamment sur les nerfs, car la peur diriger mes actions. Je marchais sur des œufs en permanence. J’avais constamment peur de t’énerver en disant quelque chose.
Si je plaisantais, je devais m’assurer de ne pas aller trop loin pour que tu ne prennes pas mes mots trop au sérieux.
Je me battais tous les jours pour essayer d’être parfaite pour quelqu’un qui m’aimait tant.
Parce que oui, tu m’aimais vraiment (à ta façon), mais tu détestais tant de choses chez moi que tu faisais tout ton possible pour me changer.
Mon corps n’était jamais parfait, mes cheveux n’étaient pas assez brillants, ma peau était trop sèche et je ne m’habillais pas suffisamment sexy pour toi.
De plus, j’étais bête, fainéante et grossière. En fait, je me demandais ce que tu me trouvais puisque tu voulais tout changer chez moi. Chacun de mes mouvements était scruté et suivi d’un commentaire sarcastique.
Te quitter a été la chose la plus difficile que j’aie jamais faite. Ce n’était pas dur parce que j’avais impérativement besoin de toi. C’était dur parce que je devais réapprendre qui j’étais, sans essayer de vivre pour quelqu’un d’autre.
D’un coup, mon existence n’allait plus être dédiée à te faire plaisir, alors comment est-ce que j’allais m’habituer à ce changement ?
Honnêtement, je tâtonnais au départ parce que pendant des années, j’ai eu besoin de l’approbation de quelqu’un d’autre.
Chaque décision que je prenais devait obtenir ton accord.
Comme si j’étais une petite fille qui demandait à ses parents si elle pouvait manger un bonbon. En fait, pendant longtemps, tout ce que je faisais était monitoré.
Je devais demander l’autorisation pour tout. Au fil des années, tu m’as fait croire que j’étais incapable de réfléchir seule et que tous mes choix étaient stupides.
Quand tu dis que je suis folle, même si c’est en plaisantant, il faut que tu te rappelles que j’ai été maltraitée et que j’ai subi un lavage de cerveau.
Même aujourd’hui, alors qu’on n’est plus ensemble, je doute encore de moi. Je ne peux pas prendre une décision, sans me demander ce que tu dirais.
Est-ce que tu donnerais ton approbation ? Est-ce que tu me crierais dessus ? En fait, je pense qu’il va encore me falloir beaucoup d’années avant de me débarrasser de ton influence.
J’entends encore ta voix dans ma tête, « tu ne sais rien ». Clairement, je ne savais rien puisque je restais avec toi. Tu étais émotionnellement abusif, mais je ne me rebellais pas.
La libération
Contre toute attente, c’est toi qui es parti. En effet, maintenant avec le recul, je me dis que j’aurais dû être celle qui prend la décision de te quitter.
Quel c*nnard tu as été ! Et pourtant, je ne faisais rien pour changer ma situation. Finalement, tu en as eu marre de ton jouet. Tu voulais une nouvelle poupée, quelqu’un de neuf qui n’était pas épuisé par des années de maltraitances psychologiques.
Quand tu es parti, ça a été un choc. J’étais perdue. Je pleurais beaucoup et je ne savais pas comment reprendre le contrôle de ma vie. Et dans cet état désespéré, qu’est-ce que j’ai fait ?
Je t’ai appelé. Combien de fois est-ce que j’ai pris mon téléphone pour te contacter, pour te demander de l’aide ? Et tu n’as jamais répondu. Sur le coup, ça a été très difficile.
Mais avec le recul, je suis heureuse que tu aies choisi d’ignorer mes appels et mes SMS. Si tu avais répondu, je serais sûrement retombée dans ton piège.
Je suis retournée vivre chez mes parents et j’ai dû suivre une thérapie pour comprendre l’emprise que tu avais sur moi. Et il m’a fallu longtemps pour être en mesure de vivre et fonctionner seule.
Maintenant, je vais bien. J’ai repris le contrôle de ma vie. Et je suis heureuse.
Mais la prochaine fois que tu diras qu’une de tes ex est folle, rappelle-toi tout ce que tu lui as fait subir. Elle est très certainement folle, car c’est un mécanisme de défense face aux abus.
Donc au lieu de la critiquer, tu devrais plutôt te regarder dans un miroir. C’est toi le taré qui essaie de contrôler tout ce qui porte une jupe.
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