Arrêtez de dire aux femmes célibataires qu’elles doivent avant tout s’aimer elles-mêmes

« Violette, tu dois t’aimer toi-même avant que quelqu’un puisse t’aimer à son tour. »

Chaque fois que j’entends cette phrase ou que je la lis sur un post Instragram « inspiré », je crie intérieurement. Je lance aussi généralement quelques insultes.

Sérieusement, je vous emm*rde.

Ça me fait toujours penser à cette amie qui est aujourd’hui mariée à l’homme avec qui elle est depuis ses 18 ans. Elle me dit toujours cela. Mais elle n’a jamais eu de rendez-vous. Elle n’a jamais expérimenté le rejet. Elle n’a jamais eu le cœur brisé par des hommes décidant qu’ils ne veulent pas s’engager, ou des hommes perdant soudainement tout intérêt pour vous. Elle a toujours été en sécurité et protégée au sein de sa relation avec son homme.

Mais j’ai remarqué que ce sont souvent ces mêmes personnes qui débitent ce genre de conseils à la con, me disant que je dois m’aimer davantage moi-même, chaque fois que je me lamente sur mon célibat.

Je sais qu’elles ne veulent que mon bien. Vraiment.

Cependant, ma question est la suivante — ces personnes savent-elles réellement ce que signifie « s’aimer soi-même » ?

Pourquoi existe-t-il tant de femmes disant aux autres femmes qu’elles doivent s’aimer elles-mêmes afin de trouver quelqu’un qui les pense dignes d’être aimées et choyées ? Quand et où cela a-t-il été décidé ? Pourquoi ne donne-t-on pas le même conseil aux hommes qui s’enfuient dès que surgit le moindre défi dans leur relation ?

Je pense que beaucoup d’entre nous interprètent cela comme le besoin de se réparer soi-même, ce qui peut-être un message extrêmement blessant. Au début de mon célibat, j’aurais volontiers reconnu que certaines choses en moi nécessitaient définitivement d’être réparées. Je devais apprendre que j’étais forte et que je pouvais me battre pour moi. Je devais apprendre que, quoi qu’il arrive j’irai bien. Je devais apprendre que j’avais une identité en dehors de ma relation et que c’était une très belle identité !

Mais plusieurs années plus tard, après tout ce travail sur mon esprit, mon corps, mon âme, je suis toujours célibataire. Quel est le problème alors ? Est-ce que je ne m’aime pas assez encore ?

J’ai voyagé, j’ai pratiqué des centaines d’heures de yoga, j’ai quitté ce travail qui aspirait mon énergie vitale, j’ai réduit mon cercle d’amis à ceux qui m’aimaient vraiment, j’ai acheté un appartement, j’ai vu un psy, j’ai pris un chien, j’ai consulté des coachs de vie — et je suis toujours célibataire. Et seule. Et j’ai dépassé le stade de la frustration.

Alors, pouvons-nous changer de message, s’il vous plaît ? Peut-on arrêter avec cette idée que quelque chose cloche chez ces femmes célibataires qui rencontrent des difficultés à trouver un partenaire de vie ? Peut-on arrêter avec cette idée que nous ne nous estimons pas suffisamment ?

Peut-être que les hommes que nous rencontrons ne nous arrivent pas à la cheville. Peut-être ont-ils leurs propres problèmes. Peut-être que le timing était mauvais. Ou peut-être nous n’avons simplement pas eu de chance.

Quoi qu’il en soit, j’aimerais essayer de définir cette notion puisqu’il s’agit d’un message prédominant. Quand j’y réfléchis, je pense que s’aimer soi-même (mais le terme me fait toujours autant grincer des dents) revient à : bien manger, faire de l’exercice, se débarrasser des pensées négatives, s’entourer de gens biens, s’écarter de ceux qui nous dévaluent et être claires avec nos partenaires potentiels à propos de ce que nous recherchons et de la manière dont nous souhaitons être traitées.

Mais, je le sais, ceci est difficile à trouver sur un post Instagram. Donc nous abaissons nos exigences à ces quelques mots dénués de sens et nous sommes supposées les recevoir et voir en eux une révélation (ou dans mon cas, en éprouver de la frustration et lancer quelques injures).

Alors, à toutes ces femmes à la recherche de l’amour, comme moi, sachez ceci : nous sommes bien telles que nous sommes. Nous n’avons pas besoin d’être réparées. Nous n’avons besoin, ni de guérisseurs ni de chamans. Nous n’avons pas besoin d’escalader l’Everest ou de participer à des retraites de yoga pour nous trouver. Il existe quantité de femmes engagées dans des relations formidables mais n’ayant rien fait de tout ça. C’est simplement que nous n’avons pas — encore — rencontré le bon, trouvé le bon moment.

Mais plus nous prenons soin de nous et cherchons à nous retrouver, mieux nous serons lorsqu’il frappera à notre porte.