Je me rappelle parfaitement ma première menstruation à l’âge de dix ans, quand j’étais en sixième.
Personne ne m’avait préparé à cette expérience traumatisante, mais heureusement, mes premières règles ne sont pas arrivées au collègue.
J’étais en vacances avec ma meilleure amie et sa famille en Ardèche.
Sur le chemin du retour, j’ai commencé à ressentir une forte douleur et une fièvre incontrôlable m’a prise.
Je ne savais pas ce qu’il se passait, alors que je me tordais sur le siège arrière de la voiture.
Heureusement, sa maman a remarqué mon comportement (j’avais trop honte pour dire quoi que ce soit), alors elle s’est garée.
Nous sommes sorties de la voiture et elle m’a demandé si j’avais envie de faire pipi ou d’aller aux toilettes.
Je lui ai alors expliqué que j’avais l’impression de devoir faire la grande commission.
Alors, elle m’a proposé d’aller derrière un arbre et d’essayer.
Quand je suis revenue, elle a vu à ma tête que quelque chose clochait.
Bien sûr, je savais ce qu’étaient les règles, mais personne ne m’avait expliqué comment ça allait se passer.
Cette douce maman m’a tendu une serviette hygiénique et elle a sorti des vêtements de rechange.
Sur le chemin jusqu’à la maison, j’étais tétanisée de honte, mais elle me parlait ouvertement de ce sujet.
Quand je suis rentrée à la maison, j’ai dit à ma mère ce qu’il s’était passé.
Elle a simplement dit ‘cool’ et elle a parlé de ce qu’elle a entendu au journal du soir.
Aucun mot de support, aucune indication sur la manière de prendre soin de moi et aucun conseil.
Je me sentais seule et perdue !
De plus, comme j’étais jeune, je n’avais pas beaucoup d’amies qui avaient leur menstruation.
Alors, je me sentais en plus bizarre à chaque fois !
D’ailleurs, pendant des années, j’étais mal à l’aise de rappeler à ma maman de m’acheter des serviettes hygiéniques.
Puis quand j’ai commencé à les acheter moi-même, j’étais encore plus désemparée.
Que vont penser les gens ?
Maintenant que je suis adulte et que je suis maman, je sais parfaitement qu’il n’y a aucune honte à avoir.
D’ailleurs, je me demande qui a fait de ce sujet un tabou ?
Sûrement un homme qui avait peur des femmes fortes et indépendantes !
De plus, comme ma maman, j’ai eu mes règles tôt, donc ma fille va très certainement avoir ses premières règles tôt.
Elle a neuf ans, donc j’ai décidé de la préparer pour cette expérience unique.
En fait, je veux aussi que ma fille comprenne que les femmes doivent se serrer les coudes et s’entraider.
S’il faut faire tourner l’Ibuprofène, c’est ce que l’on va faire.
Une approche subtile
Je savais que le temps d’aborder ce sujet avec ma fille allait venir tôt ou tard.
Je l’ai regardé grandir avec émerveillement : du premier ultrason à la pré-adolescente qui se trouve en face de moi.
Les changements qui ont accompagné la puberté ne l’ont pas beaucoup bouleversée et je dois dire que j’ai eu vraiment de la chance avec elle, car elle n’est pas sujette à la rébellion (encore).
Souvent, elle me dit qu’elle a hâte de grandir, de se maquiller et d’avoir plus de liberté.
Mais il y a aussi des moments où elle regrette son enfance et ses jouets.
Je ne voulais pas qu’elle pense à ses premières règles comme à quelqu’un chose de négatif.
Surtout, je ne voulais pas qu’elle associe cela aux relations sexuelles ou à sa capacité de se reproduire.
J’en ai des frissons simplement en y pensant !
Alors, je me suis demandé : par quoi dois-je commencer ?
Mon but ultime était de l’aider à se sentir assertive à propos de la personne qu’elle allait devenir.
Par contre, je ne voulais pas qu’elle se sente embarrassée, bizarre, inquiète ou apeurée.
Il était essentiel pour moi de lui expliquer que la menstruation est normale et que c’est une étape importante de la vie.
En fait, je voulais absolument dire la vérité à ma fille
Contrairement à ma mère ou à ma professeure, je ne voulais ni mentir ni embellir la situation.
J’ai donc fait beaucoup de recherches pour présenter des faits clairs et pour pouvoir répondre à ses questions.
Bien sûr, cette conversation ne s’est pas terminée en trente minutes.
Nous avons parlé plusieurs fois et il nous a fallu beaucoup d’heures de confessions et de dialogue.
J’ai particulièrement apprécié ce temps en solo avec ma fille.
D’abord, nous avons parlé du vocabulaire adéquat, du nom des produits et de leur utilisation.
Ensuite, nous avons parlé des premiers signes qui indiquent l’arrivée des règles.
Généralement, la première menstruation apparaît deux ans après le début du développement de la poitrine et l’arrivée des poils sous les bras.
Tout d’un coup, elle a commencé à être mélodramatique et j’ai eu beaucoup de mal à la libérer de sa timidité.
Je lui ai expliqué que j’étais sa mère et qu’elle pouvait tout me dire et tout me demander parce que j’étais là pour la guider et la protéger.
Il ne doit pas y avoir de sujet tabou entre nous !
D’ailleurs, la connaissance est un pouvoir !
Si vous voulez parler avec votre fille, voici mes premières indications :
- Vocabulaire à expliquer : syndrome prémenstruel, spotting, menstruation, dysménorrhée, ménorragie, glaire cervicale, ovulation, endométriose, culotte, tampon, serviette hygiénique et cup
- Signes de l’arrivée des premières règles :
- douleurs au niveau de la poitrine
- crampes abdominales, maux de ventre
- mal à la tête, mal au dos
- pertes blanches
- À savoir : les règles peuvent durer jusqu’à sept jours
- Le cycle menstruel dure entre 21 et 45 jours à son âge, plus tard, il durera entre 21 et 34 jours
- Pendant les règles, une femme perd entre 30 et 90 ml
Ensuite, j’ai décidé de lui montrer comment on compte le cycle menstruel, du premier jour des règles au jour précédent les règles suivantes.
Je lui ai expliqué qu’elle pouvait s’attendre à des irrégularités parce que ses hormones ne sont pas encore complètement balancées.
Finalement, je lui ai offert un joli petit sac discret où elle peut ranger ses serviettes et son Ibuprofène.
Je sais qu’elle est timide et si sa menstruation commence à l’école ou dans un autre lieu public, elle est prête et tout le monde autour d’elle ne sera pas au courant.
De plus, elle ne paniquera pas à la recherche de produits hygiéniques !
Les problèmes potentiels
Bien entendu, comme je suis infirmière, je me devais de lui parler des problèmes potentiels ou des accidents.
Par exemple, je lui ai dit que si ses règles duraient plus de sept jours, elle devait me le dire.
Si elle n’a pas de menstruation pendant trois mois, elle doit me prévenir.
Et si elle ressent de fortes douleurs ou si elle saigne en milieu de cycle, elle doit également me l’avouer.
Tout cela a pour but de préserver sa santé et d’éviter la panique.
Nous avons mentionné les crampes et pourquoi elles surviennent.
J’ai donné mes conseils et mes astuces pour calmer la douleur et pour se mettre plus à l’aise.
D’ailleurs, je vais vous révéler ce que je lui ai dit exactement :
Les douleurs menstruelles, également connues sous le nom de dysménorrhée, sont inconfortables et pénibles pour de nombreuses personnes.
Je ne voulais pas effrayer ma fille avec des informations trop détaillées, mais je souhaitais aussi lui faire comprendre ce qui l’attend pour qu’elle n’ait pas peur.
En premier lieu, pour le départ, ceci peut être utile :
- Analgésiques en vente libre comme l’ibuprofène
- Application de chaleur sur le bas-ventre pour détendre les muscles
- Exercice comme la marche ou le yoga pour augmenter le flux sanguin
- Certains ajustements alimentaires : baisser la consommation de sel et augmenter la consommation des aliments riches en magnésium, en calcium et en acides gras oméga-3, comme les légumes verts à feuilles, les produits laitiers et les poissons gras.
- Hydratation
- Remèdes à base de plantes : suppléments à base de plantes comme le gingembre, la cannelle ou la camomille
Le jour J
Finalement, j’ai décidé de l’emmener faire du shopping pour acheter des produits hygiéniques.
Je ne vous raconte pas sa tête quand elle s’est retrouvée dans l’allée avec sa maman !
Mais nous avons dépassé cette gêne pour enfin accueillir le jour J et j’ai été particulièrement fière de ma fille.
Elle a eu ses premières règles à l’école, mais elle était prête.
Quand elle est rentrée à la maison, elle était calme et elle m’a expliqué comment elle a géré la situation.
En tant que maman, j’avais l’impression d’avoir réussi comme une championne et d’avoir guidé ma fille sur la bonne voie.
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