Si vous habituez un enfant à recevoir un jouet à chaque fois qu’il fait les courses avec vous, vous lui voler des instants magiques de pur bonheur !
Voici une scène à laquelle j’ai assisté la semaine dernière dans un magasin.
Dans la longue file d’attente devant la caisse, un enfant de six ans se retourne vers son père et lui montre l’étagère qui se trouve à côté d’eux.
Il tire son papa par le bras et le supplie des yeux.
Papa, est-ce que je peux avoir un Kinder Surprise ?
Et là, à ma grande surprise, son père a simplement répondu « Non ». Ses yeux se sont fixés sur son fils et l’intonation de sa voix ne laissait pas la place au doute : il ne changera pas d’avis.
Ce « Non » était clair et le papa en question n’a pas donné d’explication du genre, « Tu as déjà mangé un chocolat tout à l’heure » ou « Tu vas pourrir tes dents ».
Simplement « Non ».
Le petit garçon a remis le Kinder à sa place, avec précaution, comme s’il était en porcelaine. Puis, il s’est accroupi à côté de cette étagère, pour être au même niveau. Il a fixé ces œufs chocolatés, sans rien dire.
D’ailleurs, il a posé les mains sur ses genoux pour ne pas être tenté de toucher ces Kinder à nouveau.
Il n’y avait pas de larmes et il n’a pas essayé de faire changer son père d’avis. Il n’a rien dit. Clairement, il était triste. Et cette tristesse, on l’a tous ressenti.
D’ailleurs, j’ai personnellement compris l’attitude du père comme une impolitesse et une méchanceté qui aurait pu être évitée avec quelques euros.
En regardant cet enfant, on pouvait voir un léger sourire sur ses lèvres. Malgré tout, il était heureux que ces chocolats existent. Il était à quelques centimètres de lui et il se disait sûrement que son père lui en achèterai un demain ou la semaine prochaine.
En tout cas, il l’espérait.
Il est rare de voir ce genre de scène.
De manière générale, soit le parent achète à l’enfant ce qu’il veut pour éviter une scène. Soit l’enfant se met à crier à plein poumon.
D’ailleurs, j’ai compris que les gens me regardaient de la même façon que je regardais cet homme, quand je refuse d’acheter un cadeau à mon fils.
En fait, on m’a déjà fait des remarques à ce sujet :
Mais pourquoi n’achetez-vous pas ce jouet à votre enfant ? Vous êtes égoïste !
Une autre fois, un homme s’est même directement adressé à mon fils :
Est-ce que tu veux que je t’achète ce jouet ?
Et mon fils a bien évidemment répondu « Oui ». Ce qui a encore plus énervé mon enfant, quand j’ai dû rectifier le tir et dire « Non merci » à ce monsieur.
J’ai d’ailleurs dû me justifier. Ce qui est aberrant ! Oui, je ne compte même plus le nombre de fois où j’ai dû expliquer aux gens pourquoi je ne voulais pas acheter ce jouet à mon fils.
Après ça, je me retrouve à justifier mes actes auprès de mon fils, « Tu en as déjà 5 à la maison » ou « Ton grand-père t’en a acheté un, il y a deux jours ».
Tout un procédé !
Où est l’attente ?
Le jour où vous allez mettre dans votre panier, un Kinder Surprise ou un jouet.
Vous lui volez la grande joie que chaque jouet qu’il achète devrait lui apporter. Tout comme la joie que vous avez ressenti quand votre grand-père vous a fait une surprise en vous achetant votre premier vélo.
Par exemple, je peux me souvenir exactement de tout ce qui se passait en moi et autour de moi à ce moment-là. Je sais ce que j’ai ressenti et ce que j’étais en train de faire quand j’ai reçu ce cadeau.
Je me souviens aussi quand mon oncle m’a donné un lecteur de cassettes, si lourd que nous avons dû faire une nouvelle étagère solide pour cela.
Et je me souviens d’une petite machine à coudre qui m’a été offerte par ma tante. J’étais si heureuse que cela ne me dérangeait même pas que le fil soit constamment cassé et que je ne pouvais même pas coudre un trou dans les pantalons de mon père avec.
Je faisais semblant d’être couturière et c’était la chose la plus importante. J’ai cousu, même si le trou était toujours là.
Les enfants ne savent plus se réjouir.
Il n’y a plus beaucoup d’excitation à offrir des cadeaux. Leur joie est devenue instantanée, insuffisante pour les retenir pendant des jours.
En leur achetant chaque petite chose qu’il souhaite, nous les privons par inadvertance de la capacité de se réjouir, d’attendre, d’espérer, d’être créatifs, imaginatifs, de se créer, d’apprécier ce qui leur est fourni.
Peut-être qu’ils vont pleurer à cause de votre « Non ». Ils vont peut-être même bouder ou faire une crise de colère. Mais c’est juste un processus nécessaire pour apprendre quelque chose qui profitera beaucoup plus aujourd’hui ou demain.
« Non » leur apprend la patience et les rend heureux.
« Non » leur apprend qu’ils n’obtiendront pas tout dans la vie si facilement, surtout pas en pleurant ou en mendiant.
« Non » leur apprend à valoriser les choses qu’ils obtiennent.
« Non » leur apprend que le bonheur n’est pas dans les choses matérielles, indépendamment du fait que les jouets peuvent être achetés aujourd’hui.
« Non » leur apprend qu’ils peuvent garder l’espoir que ce jouet leur appartiendra demain.
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