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Si je semble rancunière, c’est parce que tu fais tout de travers

Si je semble rancunière, c’est parce que tu fais tout de travers

Je te jure que j’essaie d’avancer mais c’est comme si l’histoire se répétait en boucle.

Honnêtement, je ne sais pas qui a commencé tout ça ou lequel d’entre nous est le plus responsable mais ce n’est pas ce qui compte, ça ne sert à rien de désigner un coupable.

Nous avons tous les deux été blessés en cours de route et nous avons tous les deux eu peur.

Je sais que je parais rancunière, coincée dans le passé et j’ai décidé de t’écrire une lettre pour t’expliquer ce qu’il se passe.

Voici les raisons derrière mon apparente incapacité à avancer avec toi.

Raison #1 : je me sens incomprise

J’ai été blessée, tu le sais mais pourtant, tu sembles vouloir faire comme si de rien n’était et ne pas prendre en compte mes émotions.

Ce n’est pourtant pas très compliqué.

Si je te dis que je suis en colère, respecte ma colère. Et si je te dis que ton attitude me rappelle un précédent trauma, ne me répond pas que c’est faux, que je me trompe. C’est ce que JE ressens, tu ne peux pas nier ça.

Alors stp, n’interviens pas tout de suite quand ça arrive.

Laisse-moi m’exprimer, écoute-moi, attentivement, pas dans l’idée de te défendre. Essaie de me comprendre, de vraiment te mettre à ma place. Mais surtout, tais-toi tant que je n’ai pas fini de dire ce que j’ai à dire. Si tu m’empêches de parler, la colère va m’envahir et je perdrai mes moyens.

« Je comprends que j’ai merdé quand je t’ai laissée t’occuper de toutes les corvées, sans jamais te proposer mon aide ».

Ça s’appelle reformuler et ça montre que tu as compris pourquoi j’étais fâchée.

D’ailleurs, parfois, tu crois que je t’en veux et c’est toi qui tires la gueule alors qu’il aurait suffi que tu me demandes « est-ce que tu es fâchée contre moi ? » Et je t’aurais répondu que non, et on en aurait discuté, du pourquoi tu as eu cette impression.

Oui, c’est aussi simple que ça. C’est dingue hein ?

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Mais rien d’autre n’est nécessaire sur le moment, crois-moi

En agissant ainsi, je me sentirai entendue. J’aurai l’impression d’exister et pas de me battre contre des moulins à vent.

Et tu sais ce qui arrive quand on se sent entendue ? On se calme. La pression diminue d’un coup.

Parfois, un simple et sincère « je suis désolé » fera des miracles.

On se dispute tout le temps parce qu’à chaque fois que j’exprime mon inconfort, mes émotions, tu le prends mal. Ce sera à celui qui lancera le plus de saloperies à la tête de l’autre.

Rien de constructif en somme.

Alors que si nous ne restions plus coincés dans l’émotion, nous pourrions expliquer l’éventuel malentendu ou creuser le problème de manière sereine, sans tomber dans les reproches.

« Ce n’était pas du tout mon intention et je comprends pourquoi nous nous sommes mal compris. Je voulais faire [ceci]. Je n’ai jamais eu l’intention de te blesser et je suis désolé si ça a été le cas. »

Raison #2 : tu crois que tu peux me réparer et ça m’étouffe

Je sais que je te donne l’impression de tout le temps me plaindre. De comment j’ai souffert, de comment la vie c’est nul, de ceci et de cela.

Je ne le fais pas pour t’embêter ni parce que j’ai besoin que tu résolves ces problèmes dont je parle. J’ai juste besoin d’exprimer mes émotions.

Et c’est sûrement empli de bonnes intentions que tu essaies de m’aider mais n’as-tu toujours pas compris que cela ne fonctionnait pas comme ça ?

Nous les femmes, nous avons tendance à traiter émotionnellement les informations PENDANT que nous nous exprimons. Vous, les hommes, vous gardez en général tout à l’intérieur et décidez ensuite d’exprimer ou non vos émotions.

C’est totalement l’opposé.

Je ne dis pas que j’ai raison et que tu as tort, je t’explique juste que nos fonctionnements sont différents.

Du coup, tu dois croire que je suis négative

Mais je ne suis pas négative, j’exprime mes émotions de manière instinctive, innée, et ensuite, j’essaie de les comprendre, de les disséquer. Ou pas, parfois ça doit juste sortir et on n’en parle plus.

Je comprends que ça te semble bizarre, toi qui t’occupes de tes soucis directement dans ta tête. C’est comme ça que la plupart des hommes sont éduqués, avec l’idée que vous devez régler les problèmes du monde. Et nos problèmes par extension. Alors que tout ce que nous voulons, c’est d’être écoutées et comprises.

Mais tu dois comprendre que ma « négativité » n’est en fait que des émotions non traitées.

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Tout ce que tu as à faire est de ne pas le prendre personnellement

Apprends à me laisser l’espace pour avoir ces réactions émotionnelles et me donner l’occasion d’y travailler seule, si je ne te demande pas explicitement de m’aider.

Je te donne un exemple : Je reviens du boulot, d’une humeur massacrante. Hop, je jette mon sac à main et tempête que je déteste mon travail, que j’en ai ma claque.

Et tu penseras « Ah purée, encore ce discours. Pourquoi ne peut-elle pas juste être heureuse ?! »

Et puis tu diras « Mais chérie, vois le côté positif des choses. Tu as un boulot alors que d’autres n’en ont pas et en plus tu gagnes bien ta vie. Pourquoi tu te soucies de ce que tes collègues pensent de toi ? »

Urghhh. Tu essaies de « corriger » le problème et mon humeur parce que ça te met mal à l’aise.

Ton envie d’aider et être rejeté va faire que tu penseras que oui, je suis tout le temps négative et qu’en plus, je ne veux pas de ton aide et moi, je continuerai à me dire que tu ne m’écoutes pas et que je te dérange.

Ce que tu peux faire à la place ? Accepter ma mauvaise humeur et me demander si tu peux faire quelque chose pour m’aider par exemple. Et surtout, me remettre à ma place s’il me vient la mauvaise idée de me défouler sur toi.

Raison #3 : notre ardoise n’est pas vierge

Le plus gros du boulot dans la résolution d’un conflit (d’une manière saine) consiste principalement à valider les points de vue de chacun sans essayer de « gagner » la dispute.

Mais tu me donnes souvent l’impression que tes intentions sont d’avoir raison. En faisant ça, rien ne peut être réparé ni compris.

Ton intention, ça devrait être de comprendre pourquoi j’ai réagi comme j’ai réagi. Ça devrait être d’approfondir notre compréhension mutuelle.

Sans ça, c’est difficile de continuer à se respecter et de se sentir en sécurité l’un avec l’autre dans notre relation.

Alors stp, la prochaine fois qu’on se dispute pour un truc qui est déjà arrivé, essaie de comprendre pourquoi le problème revient au lieu d’être sur la défensive.

Une fois qu’on comprend tous les deux l’origine du problème, on peut travailler sainement à sa résolution.

Ça vaut aussi pour moi bien sûr. Je ne dois pas présumer des trucs par défaut parce que c’est déjà arrivé par le passé. 

Bref, on doit communiquer. C’est cliché hein ? Pourtant c’est la solution.

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Raison #4 : je ne me sens pas en sécurité

Pour toutes les raisons que je viens d’énoncer. Et c’est le pire parce que c’est un cercle vicieux dont on est responsables tous les deux.

Ça veut dire que si tu m’as blessée au sujet d’un truc il y a 6 mois, il y a des chances pour que je ne t’aie rien dit. Mais ça me bouffe, jusqu’à ce que j’explose. 

Et toi, tout ce que tu penseras, c’est « mais avec quoi elle vient ?? »

J’ai peur d’être la relou de service alors oui, je ne m’exprime plus autant qu’avant. Je garde en plus en mémoire un « laisse tomber » balancé lors d’une énième dispute.

Mais c’est débile parce qu’ignorer les émotions les fait rarement disparaître et en plus, ça provoque beaucoup de frustration.

Tu sais, le fameux « à quoi bon ? »

Je deviens alors imprévisible et tu as l’impression de devoir marcher sur des œufs.

Et c’est pas juste, pas juste pour toi, pas juste pour moi. Cela ne nous aide pas à comprendre ce dont j’ai besoin.

Toi, en fier bonhomme que tu es, tu vas juste essayer de te défendre et de réparer tout ce que tu as fait pour me contrarier, sans même savoir où tu mets les pieds.

On doit se retrousser les manches tous les deux

Chacun doit faire sa part et travailler à comprendre ses émotions au fur et à mesure qu’elles se manifestent.  

Ça veut aussi dire de prendre le risque d’exprimer ce dont on a besoin dans l’instant, au lieu d’attendre que ça sorte de nulle part.

Ce sera plus simple pour moi que pour toi mais si vraiment tu m’aimes et tiens à moi, tu essaieras.

Et tu verras, le jeu en vaudra la chandelle. Promis.

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