Je te vois…
Même si tu fais semblant d’aller bien, même si tu hausses les épaules quand on te parle de lui, même si tu répètes que ce n’est pas si grave, que ça ira, qu’il faut du temps.
Je vois ce que tu caches dans le silence de tes nuits, dans les messages que tu réécris sans jamais les envoyer, dans les larmes qui ne tombent plus parce qu’elles se sont asséchées à force d’avoir toujours coulé pour les mêmes raisons.
Tu attends encore ! Ce n’est pas toujours conscient, mais c’est là.
Tu espères que demain, il comprendra. Qu’un jour, il s’excusera.
Qu’un matin, il se réveillera en réalisant enfin tout ce que tu es, tout ce que tu donnes, tout ce que tu vaux.
Tu t’accroches à cette image d’un futur possible où il serait différent, plus doux, plus présent, plus juste.
Tu refuses de croire que tout ce que vous avez vécu se réduise à du vide, à des mensonges, à des habitudes qui n’ont jamais eu la couleur de l’amour véritable.
Il y a eu des moments où tu as cru que le changement était là.
Un geste tendre, un mot bien placé, une promesse soufflée sur l’oreiller.
Il t’a dit qu’il allait faire des efforts, qu’il allait évoluer, qu’il allait comprendre.
Et tu l’as cru. Pas parce que tu es naïve, mais parce que tu es loyale.
Parce que tu aimes avec sincérité, et que ton cœur ne sait pas calculer, ne sait pas trahir, ne sait pas abandonner aussi vite que lui oublie ce qu’il t’a dit la veille.
Tu veux croire que l’amour peut réparer.
Que si tu l’aimes assez fort, assez longtemps, assez patiemment, alors il finira par devenir celui que tu devines derrière ses silences et ses absences.
Tu t’es fait une idée de lui, une version améliorée, presque poétique, une sorte de projection qui te permet de supporter ce qu’il est vraiment.
Et c’est cette version-là que tu attends, pas l’homme tel qu’il se comporte aujourd’hui.
Mais combien de fois faudra-t-il que tu te heurtes au mur froid de la réalité pour accepter que cet homme-là ne viendra pas ?
Combien de fois encore vas-tu ravaler ta peine, justifier l’injustifiable, détourner les yeux quand tout ton corps hurle que ça ne va pas, que tu t’épuises, que tu te perds ?
Tu continues de t’accrocher, parce que le vide te fait peur, parce que tu as déjà investi tellement de toi dans cette histoire, parce que tu ne veux pas échouer, parce que tu crois encore que si tu abandonnes maintenant, tout ce que tu as donné n’aura servi à rien.
Tu passes tes journées à marcher sur des œufs, à calculer chaque mot, chaque silence, chaque distance.
Tu vis dans une tension sourde, dans une attente permanente, dans une espèce d’urgence émotionnelle qui t’empêche de respirer vraiment.
Tu es fatiguée, mais tu continues. Tu es triste, mais tu souris. D’ailleurs, tu es blessée, mais tu excuses.
Et tu te dis que peut-être, s’il voit à quel point tu tiens, à quel point tu supportes, à quel point tu t’accroches, il comprendra.
Il changera. Il t’aimera mieux !
Mais ce jour ne viendra pas. Pas comme tu l’imagines.
Pas dans ce scénario que tu rejoues chaque soir, en t’endormant avec les yeux mouillés et le cœur trop lourd. Il ne changera pas.
Pas parce que tu n’as pas été assez !
Mais parce qu’il n’a jamais eu l’intention de devenir cet homme que tu espérais.
Parce qu’il n’y a pas en lui le désir profond de se remettre en question.
Parce que ton amour, aussi beau et pur soit-il, ne suffit pas à guérir un cœur fermé, égoïste ou blessé au point d’en devenir destructeur.
Il profite de ton espoir !
Il s’en nourrit même, parce que tant que tu y crois, tu restes.
Et tant que tu restes, il n’a pas besoin d’évoluer.
Il sait que tu es là. Il sait qu’après chaque dispute, chaque trahison, chaque abandon émotionnel, tu reviendras.
Pas toujours immédiatement. Parfois, tu te fais silence quelques jours.
Tu dis que c’est fini, que tu ne veux plus souffrir.
Mais il suffit qu’il t’envoie ce message, qu’il trouve les bons mots, qu’il se montre un peu gentil, et tu reviens.
Pas parce que tu es faible, mais parce que tu es humaine. Parce que tu as aimé pour deux et parce que tu n’aimes pas à moitié. Mais lui, si.
Tu deviens une version effacée de toi-même.
Tu n’oses plus dire ce que tu ressens vraiment, par peur d’être accusée d’en faire trop.
Tu ravales ta colère, tu éteins tes besoins, tu fais semblant que tout va bien parce que chaque fois que tu exprimes un mal-être, il te fait croire que c’est toi le problème.
Il retourne la situation, il minimise, il te traite d’exagérée, de trop sensible, de compliquée.
Et toi, tu finis par douter de toi. Tu ne sais plus si tu as raison d’être mal.
Tu te demandes si c’est ton caractère, si tu n’es pas trop exigeante, trop intense, trop dramatique.
Mais tu oublies que tu as le droit de te sentir aimée. Tu oublies que tu mérites la clarté, la constance, le respect.
Tu n’as pas été trop. Tu as été dans une relation où il t’a fallu tout donner pour recevoir des miettes.
Et ces miettes-là, tu les as prises comme des festins.
Parce que dans le désert émotionnel qu’il a créé autour de toi, même un verre d’eau tiède semble précieux.
Mais ce n’est pas de l’amour. Ce n’est même pas une relation.
C’est un attachement douloureux, une boucle infernale où tu attends un geste, une parole, une preuve… qui n’arrivent jamais de façon stable.
Et quand tu les reçois, elles sont toujours suivies d’un retour en arrière, d’un silence, d’une déception.
C’est comme si chaque espoir que tu nourris venait avec une échéance de souffrance.
Tu ne peux plus continuer à te nier pour rester dans une histoire qui te détruit.
Ce que tu vis n’est pas normal. Ce n’est pas ça, l’amour.
L’amour ne blesse pas pour exister. Il n’a pas besoin que tu souffres pour être réel.
Il ne devrait jamais t’obliger à devenir quelqu’un d’autre.
Un amour sain te voit, t’élève, te respecte. Il ne joue pas avec ton insécurité.
Il ne te fait pas douter de ta valeur. L’amour ne t’oblige pas à prouver mille fois ta loyauté.
Tu n’as pas à sauver un homme de lui-même. Ce n’est pas ton rôle.
Tu n’es pas sa thérapeute, ni sa mère, ni son refuge temporaire.
Tu n’as pas à guérir ses blessures pour espérer qu’il t’aime mieux.
Clairement, tu as le droit d’être choisie. Le droit d’être aimée sans condition.
Le droit d’être écoutée sans devoir supplier et le droit d’exister pleinement, sans marcher sur la pointe des pieds pour ne pas le déranger.
Je sais que tu n’es peut-être pas prête à partir.
Je ne te demande pas de tout lâcher aujourd’hui, tout de suite, sans respirer.
Mais je veux que tu saches que le jour viendra où tu en auras assez.
Où tu n’attendras plus.
Enfin, tu ne croiras plus à ses discours vides.
Tu comprendras que ce que tu espérais chez lui, c’est en toi que tu dois le construire.
Ce jour-là, tu arrêteras de l’attendre. Tu cesseras de lui donner des chances.
Tu ne chercheras plus des signes !
Alors, tu ne regarderas plus ton téléphone avec cette boule dans la gorge.
Tu ne lui écriras plus de lettres dans ta tête.
Tu comprendras que tu n’as pas échoué et tu auras seulement arrêté de te trahir.
Et c’est ce jour-là que tout commencera.
Le vrai changement, ce n’est pas chez lui que tu le trouveras.
C’est dans ton regard sur toi !
Dans ton refus de continuer à espérer ce qui te détruit.
Dans ton courage de te choisir, même si ça fait peur parce qu’il vaut mieux reconstruire seule que s’effondrer à deux.
Tu n’es pas venue sur cette terre pour te battre pour l’amour.
Tu es née pour aimer et être aimée, dans la dignité, dans la douceur, dans la vérité.
Alors, si tu ne sais pas encore partir, commence au moins par arrêter d’attendre.
C’est déjà un premier pas vers toi !
Et un jour, tu te retourneras sur cette histoire avec un cœur guéri, un regard clair, une nouvelle force.
Tu ne regretteras pas de l’avoir quitté. Tu regretteras seulement de ne pas t’être choisie plus tôt.
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