Je suis père de quatre merveilleux garçons. Mes deux aînés sont adolescents (14 et 16 ans) et cela implique tous les défis habituels.
Malheureusement, nous sommes également confrontés à un défi supplémentaire : il y a deux mois, leur mère et moi avons finalisé notre divorce. J’ai essayé de garder les choses aussi fluides et douces que possible, mais notre relation a été naturellement tendue.
J’ai la garde principale et mon ex voit les enfants un week-end sur deux. Mon aîné ne le vit pas très bien parce qu’il a toujours été plus proche de sa mère que de moi. J’ai du mal avec mes sentiments concernant le comportement qu’il manifeste après le divorce.
Je sais qu’il est tout à fait normal que les enfants se déchaînent, soient impulsifs ou même cruels, mais je n’en peux plus ! J’ai essayé de lui laisser de l’espace et de lui proposer de discuter. Je lui ai demandé s’il serait intéressé par une thérapie – en famille ou simplement en solo.
À chaque fois, je reçois le bon vieux claquement de porte ou il sort faire un tour ! Le seul indice qu’il m’a donné sur quelque chose qui pourrait l’aider à gérer cette situation est une demande répétée de savoir pourquoi sa mère et moi avons divorcé.
Je ne suis vraiment pas sûr que ce soit une information appropriée pour lui.
Comme la plupart des divorces, cela a été compliqué et long à venir, mais la goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été de réaliser que mon ex-femme m’avait agressé sexuellement. Il m’a fallu des mois pour accepter que c’était ce qui s’était réellement passé, et même alors, je faisais souvent des allers-retours pour justifier ses actes.
À un moment, j’étais en colère contre elle, à un autre, je me blâmais. Seuls mon thérapeute et un ami très proche savent ce qu’il s’est passé.
Mon ami pense que je devrais être honnête et franc avec mon fils aîné. Mon thérapeute m’a dit que c’était « à moi de décider si cette conversation était appropriée et que si je choisissais de lui en parler, je devais procéder avec prudence ».
Mais il est si proche de sa mère et je ne veux pas la critiquer auprès de nos enfants ou ternir leur relation. Je sais qu’il est sur le point d’atteindre l’âge adulte légal, mais je ne pense pas que cela rende automatiquement cette conversation acceptable.
Suis-je fou de penser qu’il n’a tout simplement pas besoin de savoir tout ça ? Si je lui accorde les informations qu’il ne cesse de demander, que dois-je dire ?
Et si je ne le devrais pas, comment puis-je lui faire comprendre que je l’aime ?
Rémy, 42 ans
Cette histoire est extrêmement difficile pour trois raisons :
- les agressions sexuelles sont toujours traumatisantes et il est vraiment complexe de les expliquer aux enfants
- la personne qui a commis l’agression est l’ex-femme et la maman des enfants
- il est rare que l’on parle des agressions faites aux hommes
Nous allons aborder la situation en plusieurs points !
Comment expliquer que maman a fait une chose horrible et que le divorce était la seule option ?
Expliquer à vos enfants que leur mère a commis un acte si grave qu’il a conduit à un divorce est un véritable défi. Il faut trouver un équilibre délicat entre l’honnêteté et la sensibilité, tout en veillant à préserver leur relation avec les deux parents.
Lors de cette conversation, il est important de commencer par reconnaître leurs sentiments et la confusion qu’ils peuvent ressentir.
Vous pourriez dire quelque chose comme : « Je sais que cette situation est très difficile et déroutante pour toi, et elle a été difficile pour moi aussi. Je veux que tu saches que je t’aime beaucoup et que tout ce que je fais est dans ton intérêt ».
Il est essentiel d’expliquer que les relations entre adultes peuvent être complexes et impliquer parfois des questions très sérieuses et personnelles.
Vous pouvez poursuivre en disant :
Parfois, dans les relations, il se passe des choses très graves qui peuvent blesser profondément les gens. Ta mère et moi sommes arrivés à un point où nous avons dû prendre la décision très difficile de nous séparer parce que rester ensemble n’aurait été bon pour aucun d’entre nous.
En ce qui concerne les détails de ce qui s’est passé, il est important de dire la vérité, mais aussi d’éviter les détails graphiques qui pourraient nuire à la perception qu’ils ont de leur mère ou les faire se sentir en danger.
Vous pouvez dire :
Il y a des choses que ta mère a faites qui m’ont profondément blessé. C’était quelque chose de très sérieux et de très personnel. Il m’a fallu beaucoup de temps pour accepter ce qui s’est passé, et même si c’était très douloureux, j’ai senti que nous ne pouvions plus être ensemble en tant que couple marié.
Veillez à souligner que la décision de divorcer concerne la relation entre les parents et non les enfants.
Je veux que tu comprennes que notre décision de divorcer n’a rien à voir avec toi. Ta mère et moi t’aimons beaucoup et serons toujours là pour toi. Les problèmes entre nous sont entre nous, et vous ne devez jamais avoir l’impression que vous êtes à blâmer ou que vous devez prendre parti.
Pour préserver leur relation avec leur mère, insistez sur le fait que, malgré ce qui s’est passé entre vous deux, elle reste leur mère et qu’ils ont tout à fait le droit de l’aimer et de maintenir une relation avec elle.
Ta relation avec ta mère est très importante, et c’est normal de l’aimer et de passer du temps avec elle. Ce n’est pas parce qu’elle et moi avons eu de graves problèmes qu’elle ne t’aime pas ou que tu dois l’aimer moins.
Enfin, offrez votre soutien et soyez là pour répondre à leurs questions et les aider à gérer leurs sentiments.
Si tu as des questions ou si tu as besoin de parler de tes sentiments, je suis là pour toi. Nous pouvons surmonter cette épreuve ensemble, et je serai toujours là pour te soutenir, quoi qu’il arrive.
Faut-il dire de quoi il s’agit ?
Décider s’il faut dire toute la vérité aux enfants sur les raisons d’un divorce, en particulier lorsqu’il s’agit de quelque chose d’aussi grave qu’une agression sexuelle, est incroyablement difficile et nécessite de prendre en compte de nombreux facteurs, notamment l’âge des enfants, leur degré de maturité et leur bien-être émotionnel.
En général, les enfants méritent la vérité, mais la quantité de détails à fournir et le moment de le faire dépendent de plusieurs facteurs :
- Âge et maturité
Les adolescents plus âgés, comme ceux qui se trouvent dans cette situation, sont en mesure de recevoir plus d’informations, mais l’approche doit toujours être très prudente et sensible.
- Impact émotionnel
La vérité sur les actes de la mère pourrait avoir un impact profond sur la santé émotionnelle des enfants et sur leur relation avec elle. Il est important de se demander si le fait de révéler cette information servirait leur intérêt supérieur ou risquerait de leur causer plus de tort.
- Objectif
L’objectif principal du partage de ces informations doit être d’aider les enfants à comprendre la situation de manière à ce qu’ils puissent y faire face, plutôt que d’évacuer leur frustration ou de chercher à être validés.
Le moment choisi est également crucial ; il est important de s’assurer que les enfants sont dans un état émotionnel stable au moment de la conversation.
- Soutien et conseils
Le soutien d’un thérapeute ou d’un conseiller peut s’avérer inestimable dans le cadre de cette conversation. Un professionnel peut vous aider à communiquer les informations nécessaires d’une manière appropriée et constructive.
Si vous décidez de partager la vérité, il est essentiel de le faire avec prudence et de la formuler de manière à minimiser le mal tout en apportant la compréhension nécessaire.
Si vous choisissez de ne pas révéler tous les détails, il est tout de même important de reconnaître leur besoin de compréhension.
Vous pourriez dire :
Je sais que tu te poses beaucoup de questions sur les raisons de notre divorce. La vérité est que les raisons sont très compliquées et personnelles. Le plus important est que tu saches que cela n’a rien à voir avec toi et que ta mère et moi t’aimons beaucoup. Quand tu seras plus grand, si tu as encore des questions, nous pourrons revenir sur cette conversation, mais pour l’instant, j’espère que tu peux croire que nous avons fait ce que nous pensions être le mieux.
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